Unique restaurateur-ébéniste du Nord à être labellisé « Entreprise du patrimoine vivant », Patrice Bricout est un maître artisan cultivant l’excellence. Fournisseur du Mobilier national, il restaure également pour Cartier, la préfecture du Nord et la cathédrale de Tournai et Cambrai.
Cédric, l’assistant de Patrice Bricout, remet en état une commode Louis XVI en acajou. Pour cette commode, il faudra pas moins de quarante heures de travail.
Le constat
Posséder du mobilier d’art, parfois estampillé, chargé d’histoire est un luxe, une chance, un devoir aussi. A charge de veiller à leur conservation-restauration. Un exercice délicat à ne pas mettre entre toutes les mains. Rares sont les artisans, à même de donner une seconde vie, d’offrir une renaissance à du mobilier au passé souvent prestigieux, mais ayant souffert des affres du temps
Un parcours sans faute
Patrice Bricout, maître artisan, diplômé en ébénisterie à Saint-Luc à Tournai en Belgique, puis auprès de François Germond Cours, expert au Louvres, est l’un de ces artisans précieux, passionné d’arts décoratifs, toujours curieux de remonter le temps pour sublimer un meuble, un objet à restaurer, sans le trahir.
Le virus, il le doit tout d’abord à une famille ayant « la culture du beau meuble », le goût de l’art. Puis il y a une rencontre décisive avec un ébéniste, alors qu’il n’avait que 17 ans, et enfin une formation généraliste solide en ébénisterie à Saint-Luc « où l’on vous apprend à faire un meuble ». La passion n’a fait que grandir, dès les premiers travaux réalisés, en l’espèce la restauration d’une commode Louis XVI et de fauteuils : « On apprend beaucoup car il y a beaucoup d’assemblages. »
Des matériaux naturels
Aujourd’hui, c’est un spécialiste reconnu dans la restauration de marqueterie, un exercice complexe qui impose de rénover le support, avant de s’attaquer au placage avec des essences rares. La marqueterie peut être en bois de rose, ébène, olivier, amarante, amourette, ou d’acajou de Cuba, une essence disparue.
La marqueterie peut être en galuchat, parchemin, os, nacre, corne, étain, argent ou écaille de tortue* et ivoire*. *autorisation de détention
Au même titre que les médiums de nature végétale ou issus d’espèces animales, tous les produits utilisés à l’atelier sont naturels. « Tout ce qu’on fait doit être réversible », explique le maître-artisan, comme la colle faite d’os et de nerf de bœuf pour coller à chaud placages et fauteuils.
La colle de poisson est utilisée pour coller à froid. « Tous les médiums premiers et de finition sont naturels », pigments et vernis en gomme-laque. « On a de plus en plus de mal à trouver des produits naturels ! » regrette Patrice Bricout, se refusant à utiliser des produits de synthèse dans le cadre d’un métier d’art.
La passion du décor
« La marqueterie est l’illusion du décor » . Patrice Bricout se plaît à en recomposer le dessin, le relief, tel un jeu de piste en 3D. Des secrets à percer parfois au terme d’une longue enquête.
Compétences : Maître artisan, Patrice Bricout assure un travail artisanal dans son atelier labellisé EPV « Entreprise du patrimoine vivant ». Label accordé par l’État pour distinguer des entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux d’excellence.
Savoir-faire : recueil de documentation sur l’historique du mobilier à restaurer, de documentation sur les parties disparues. Compétences en marqueterie Boulle, hollandaise (par incrustation), marqueterie de paille, de bois de bout, gravure de la marqueterie. Savoir-faire rare (seul au nord de Paris) dans le travail de finition naturelle ancienne, remplie cirée, fabrication de clefs anciennes, recollage de marbres anciens, polissage et vieillissement.
Références : Boutique et Fondation Cartier à Paris. Mobilier national. préfecture et CCI des Hauts-de-France. Cathédrale de Tournai. Cathédrale de Cambrai Diocèse de Lille, Collectionneurs privés…
http://www.lavoixdunord.fr/162557/article/2017-05-14/avec-patrice-bricout-restaurateur-le-patrimoine-demeure-vivant